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Orchidée

Le retour d'une Amazone

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Deux ans d’absence, la vie en a décidé ainsi. Je n’ai pas cessé d’écrire pour autant et, plus inspirant qu’un long discours, voici un petit texte qui vous révélera mon état de forme. J’espère que vous apprécierez.

 

Le campement dressé, les aînées soignèrent les montures, Sypsô étendit six épaisses couvertures destinées à adoucir un peu la rudesse du sol. Danaé, dont l’esprit bouillait de questions, se tourna vers sa mère installée devant une flambée de bois mort.

– Comment affirmera-t-on la particularité d’un peuple de femmes guerrières ?

Le regard perdu parmi les étoiles, Lysippé soupira devant l’ampleur de la tâche. Elle refusa pourtant de douter. Le sang dans ses veines charriait une volonté décuplée par la certitude d’Aphrodite en la justesse de sa cause.

– Je l’ignore, ma chère fille, aurais-tu une idée ? La déesse nous demande de délivrer les femmes, aussi notre nom devra inspirer la peur aux hommes.

– Réfléchis bien, petite sœur, s’amusa Hélène rejoignant le feu de camp, voici une mission d’importance.

Danaé observa son aînée se dévêtir. La pâle clarté de la lune lui renvoya l’image de la silhouette embellie par une blanche tunique de lin pensée par leur mère. Le vêtement porté court sur le haut des cuisses pour préserver la liberté de mouvement était noué sur l’épaule droite et dévoilait le sein gauche selon la tradition des jeunes filles avant le moment crucial de leurs noces.

– La nature a su nous gratifier d’une poitrine remarquable, la marque visible de notre féminité. Les seins charment Éros le dieu des plaisirs amoureux sans déplaire à Gaïa la mère nourricière de tout ce qui vit. Il serait aisé de marquer les esprits avec une telle source d’inspiration.

Hélène se laissa tomber sur la couverture avant d’enlacer Danaé avec une tendresse non feinte.

– Te voici aussi avisée que belle, adorable sœur. Une poitrine possède le pouvoir de rendre les hommes affligeants de bêtise. Ton idée me plait.

Fatiguée d’une si longue journée, Lysippé décida de mettre un terme à la discussion. Elle couvrit sa dernière de l’épaisse couverture et baisa son front.

– Pourquoi pas, les seins sont aussi représentatifs de la vie. Notre peuple sera celui des Amazones. Tu dois dormir maintenant, ingénieuse Danaé, le chemin sera difficile dans les prochains jours.

 

Incapable de trouver le sommeil, Hélène s’éloigna en silence du feu de camp autour duquel toutes dormaient paisiblement et gagna le ruisseau à une cinquantaine de pas. La nostalgie aurait été compréhensible, ou la frayeur d’entamer une existence à laquelle les précepteurs de Kastanas ne l’avaient pas préparée ; pourtant, seul un certain apaisement nourrissait son esprit. Une ombre sortant de l’eau se dessina dans le clair de lune.

– Les concubines et les guerriers d’Alphée se mêlent cette nuit quand tu te morfonds seule sous une couverture de laine rugueuse. Les caresses d’une femme te manquent.

La princesse sereine observa l’apparition aux longs cheveux noirs tressés derrière la tête, nue comme à son accoutumée ; aucune tunique n’accompagnait l’arc et le carquois abandonnés au pied d’un arbre.

– Artémis, je me doutais de ta présence en ce lieu. Chercherais-tu une nymphe pour la séduire ? Ou la trahison de Callisto est encore douloureuse.

En ces temps oubliés où les divinités trouvaient leur agrément à rire des malheurs des mortels, à les provoquer parfois à simple fin de distraction, Artémis jugea opportun de ne pas relever la crânerie. Lysippé avait transmis sa force de caractère à ses trois filles, et la sombre attitude de l’aînée le démontrait.

– L’infidèle Hermia réchauffe en cet instant la couche d’une sentinelle, elle regrette davantage le départ à la guerre du courtisan Admète que ton envol. Au moins, son désir d’un homme la retient de dénoncer votre absence, l’alerte n’as pas été donnée au palais de Kastanas.

– Sans doute devrais-je m’en satisfaire, soupira Hélène adossée à un hêtre, le regard perdu dans ses pensées.

– T’en satisfaire ? Assurément non, susurra la déesse dont le souffle brûla la gorge de la princesse ; malheureusement, tu n’as d’autre choix que de t’en contenter. Je suis ton alliée dans cette aventure, laisse-moi adoucir ta solitude. Je peux prendre l’apparence d’Hermia si tu le souhaites.

Le regard d’Hélène refléta un intérêt sincère pour les formes légères, les petits seins tendus aux pointes orgueilleuses, la toison délicate comme un épais duvet. Elle dénoua l’attache de sa tunique nouée sur l’épaule droite, laissa le lin glisser sur sa chair dénudée et s’allongea dans l’herbe encore tiède de la journée sous le soleil.

– Et me priver ainsi du plaisir de la découverte ? Allons, tu savais me séduire avec la physionomie d’une nymphe naïade, tu sauras m’aimer de même. Je ne toucherai pas à ta virginité, n’aie crainte.

 

Emportée par son appétence, Artémis mordilla le lobe de l’oreille sous les cheveux noirs en corolle puis savoura le sel de la peau du cou fin à la poitrine orgueilleuse. Elle couvrit de baisers suaves un sein dont l’insolente réaction l’enchanta et agaça l’autre par de savantes caresses.

– Hummm… gémit Hélène.

Soucieuse de répondre à l’invite ainsi formulée, elle délaissa la poitrine et glissa un doigt à l’orée de l’intimité moite. Un second soupir ravit Artémis avide de savourer la chair livrée à son attention. Les narines palpitantes des effluves charnels prononcés, elle poussa son avantage.

– Je veux tout posséder de toi, gémit-elle, cherchant un assentiment dans le regard d’Hélène brûlante de fièvre.

– Fais-le, gronda la princesse.

Enfin, le nez dans la toison sombre, la déesse déposa un baiser sur le calice dont la senteur épicée flatta ses sens. À peine surprise de son propre désir, elle investit le sillon afin de s’en délecter et déglutit le miel amer avec avidité, heureuse d’accomplir une fois encore le rituel dont les dramaturges en accordaient la genèse aux nymphes tourmentées gardiennes de la nature parmi lesquelles elle choisissait ses amantes.

Mais Artémis n’aimait nulle autre qu’Hélène en cet instant. Attentive aux moindres soubresauts du corps impudique livré sur l’autel de leur plaisir, elle laissa libre cours à sa passion. Le parfum de son amante l’entêtait, sa saveur l’enivrait. Le ravissement de l’Amazone, la fierté de se savoir à l’origine de sa félicité, rien ne lui manquait.

Désireuse de donner autant que de recevoir, Hélène repoussa sa maîtresse dans un sursaut malgré l’impérieux besoin de se laisser aller.

– Attends, éructa-t-elle fébrile. Viens.

Artémis, le regard perdu dans celui de son amante, livrée en confiance à ses caprices, se laissa guider dans un étrange enchevêtrement. Les cuisses entrecroisées avec naturel, les conques se cherchèrent, s’effleurèrent puis se pressèrent, les fluides se mêlèrent. La sensation particulière les surprit dans ce face-à-face improvisé, chacune confrontée au désir de l’autre.

Les corps incapables de résister à l’appel animal des sens s’animèrent aussitôt, mus par la volonté charnelle à son comble. Alors, d’une ardeur commune, elles lancèrent en avant leur bassin. Les souffles se firent saccadés, les gémissements se transformèrent en râles d’agonie. Les jambes enchevêtrées, les bouches ouvertes sur des cris de bonheur contenus, les amantes guettèrent l’inéluctable dans les yeux de leur maîtresse.

Qui d’Hélène ou d’Artémis se rendit la première n’avait aucune importance. Leurs plaisirs sincères s’enchevêtrèrent, se chevauchèrent en silence. Et bientôt, une apaisante béatitude succéda à la satisfaction charnelle.

 

La princesse en amante à peine repue mais superbement confiante en sa destinée se redressa. Artémis silencieuse la vit s’éloigner en direction du campement où Lysippé et sa progéniture dormaient, persuadée que les femmes de Kastanas pourraient tenir tête au terrifiant Hadès.

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