Aller au contenu

Faites des rencontres coquines près de chez vous

whatsyourname

Annabelle

Recommended Posts

Attention, histoire longue. C'est soft, j'espère que ceux qui prendront la peine d'aller jusqu'au bout n'auront pas l'impression d'avoir perdu leur temps.

On m'aurait annoncé la vie que je mènerais vers la trentaine lorsque j'avais quinze ans, je ne l'aurais jamais cru. Et pourtant...

Pourquoi quinze ans ? Cet âge symbolise pour moi exactement ce qu'est l'adolescence. Avant, je ne m'étais jamais sentie pleinement adulte, et après, je n'ai plus eu à vouloir me justifier d'avoir quitté le monde de l'enfance, qui était pourtant encore un peu en moi. Pleine de certitudes, peu soucieuse de tout ce que j'ignorais, de la vie qui attend chacun de nous, si différente de ce que l'on peut s'imaginer.

Je connais déjà Pierre à cette époque, mais ce n'est qu'un garçon de ma bande de potes. Le seul homme de ma vie est alors mon père, et il me rend bien cet amour. Il paraît que si des pères devaient assister au spectacle d'une femme en train de se faire démonter le cul par un homme peu recommandable, un grand nombre d'entre eux préféreraient encore endurer un cocufiage dans les règles plutôt que de subir une telle vision avec leur petite chérie dans le rôle principal. Sans nul doute possible, Papa fait partie de ceux-là. Il n'aime pas voir des garçons tourner autour de moi. Il n'a pourtant pas de souci à se faire car je ne calcule pas le seul qui se donne cette peine. Plusieurs mois s'écoulent et je ne me rends toujours compte de rien. C'est Manon, l'une de mes meilleures amies, qui finit par trouver la solution.

Un jour, Pierre "officialise" avec Stéphanie, l'une des blondes du groupe. Au début, je suis surprise. Rapidement, la boule au ventre arrive. Les voir se rouler des pelles sous mes yeux se révèle d'abord déplaisant, puis carrément insupportable. Progressivement, je me montre irritable, désagréable, triste, et pendant quelques semaines chaque journée m'amène une nouvelle émotion se mélangeant aux autres. Je finis par me l'avouer un soir, alors que je pleure dans mon lit. C'est le lendemain, en me confiant à Manon, que tout devient parfaitement clair. Elle m'avoue avoir conseillé à Pierre de sortir avec Stéphanie, et elle semble particulièrement fière de son idée ! Sur le coup, je suis à deux doigts de la frapper, mais c'est comme ça que je comprends ce que je ressens pour lui.

Pierre tire sans doute une certaine fierté à s'afficher avec cette blondasse. Qu'il en profite, cela ne va pas durer, je suis décidée à en faire mon petit copain. Dans les jours qui suivent, je me montre d'une indiscrétion et d'une maladresse dignes d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. D'ailleurs, à peu près tout le monde se fout plus ou moins ouvertement de moi. Mais bon, seul le résultat compte, pas vrai ? Aussi, au bout d'un nombre incalculable de manoeuvres désespérées, et grâce au savoir-faire de Manon pour rattraper mes catastrophes - elle me doit bien ça, toutefois elle se prête volontiers au jeu, son rôle de marieuse l'amuse follement - Pierre finit par poser ses lèvres sur les miennes. J'ai des papillons dans le ventre.

Lorsqu'elle l'apprend, Stéphanie pète un plomb, elle me fait peur. Pourtant, je suis sûre qu'elle s'en fout de Pierre, c'est son ego qui est blessé. Mademoiselle avait pris l'habitude de plaquer et se découvre pour la première fois du mauvais côté. Je réalise que je n'ai jamais aimé cette fille. Si j'étais polie, je dirais bien pour la forme que cela me désole de lui faire de la peine, mais non, rien à foutre. Mon histoire avec Pierre commence enfin.

Je pourrais vous raconter qu'avec Pierre, on a tout vécu en matière de sexualité. Qu'on pratique l'intégrale du kamasutra, qu'on s'envoie en l'air plusieurs fois par jour, et qu'à chaque fois je hurle son prénom alors que l'extase s'empare de mon corps pendant de longues heures. Sauf qu'en fait cela ne se passe pas, mais alors pas du tout comme ça.

Déjà, à la base, je ne suis pas à l'aise avec mon corps de femme encore récent. A ce moment-là de ma vie, seuls deux hommes ont déjà loué ma beauté et je n'accorde pas le moindre crédit à leurs compliments sur ce point. Pensez, un père et un amoureux, cela ne peut pas être objectif. Il me faudra bien des années avant d'admettre que toutes ces rondeurs que je trouve hideuses sont tout compte fait très quelconques et naturelles, et qu'elle ne m'empêchent nullement d'être perçue, non une beauté fatale - ça, je le savais déjà ! - mais une femme plutôt mignonne dans les yeux de bien des gens.

Bref, la petite pucelle que je suis fait attendre Pierre au delà du raisonnable. Si j'adore passer du temps dans ses bras, je n'éprouve aucun besoin d'aller plus loin. En outre, Papa ne fait rien pour arranger les choses, il reste méfiant envers mon petit copain et cela pèse sur notre relation de couple. Bref, je ne me sens pas prête. J'ai peur de perdre Pierre, mais il s'accroche.

Pour notre première fois, on sort ensemble depuis plus d'un an. On s'est déjà vu nus, mais jamais encore nous ne nous sommes étreints dans le plus simple appareil. Je suis bien trop stressée. Pierre prend son temps pour tenter de me mettre dans de bonnes dispositions. Une fois la surprise de son sexe en moi passée, les sensations sont agréables. Je ne jouis pas. Je me dis que je me rattraperais sûrement par la suite.

Je n'ai pas eu mal et je n'ai pas saigné. Cela m'inquiète, je me crois anormale. Selon Manon, c'est à cause de l'équitation. Oui, forcément je lui en parle, il faut bien que je me confie à quelqu'un. En plus, elle ne risque pas d'être jalouse, j'ai déjà eu droit à la primeur de son dépucelage. Avec un peu trop de détails d'ailleurs...

En quelques mois, Pierre et moi prenons rapidement un rythme de croisière que d'aucuns trouveraient bien morne, pour ne pas dire chiant. Deux, trois rapports maximum par semaine, dans quelques positions testées, éprouvées, certifiées confortables et plaisantes, et c'est à peu près tout. Du sexe en dehors du lit même pas une dizaine de fois, uniquement dans la salle de bains. Mais le problème n'est pas là. Quelque chose ne tourne pas rond chez moi.

Pierre est un amant tendre et attentionné. Sentir sa chaleur contre ma peau me fait le plus grand bien, nos corps-à-corps me procurent un indéniable plaisir, mais pourtant... toutes les personnes que j'ai entendu s'exprimer sur la sexualité jusqu'alors m'ont vanté les délices de l'orgasme, l'intensité d'un feu d'artifice, et cela ne correspond pas à ce que je ressens. Je suis très loin de connaître cette myriade de sensations. Ai-je seulement joui une fois dans ma vie ? J'apprends que me poser la question revient à connaître la réponse.

Je n'ai pas du tout envie que Pierre sache qu'il ne me fait pas grimper aux rideaux. J'ai honte de lui cacher cela, je sais que je ne devrais pas mais je ne veux pas blesser sa fierté. Je ne considère pas que je simule, j'en rajoute juste un peu. Parfois il tente de me procurer du plaisir avec ses doigts ou sa langue, mais rien à faire, je suis comme bloquée. Pourrais-je passer toute ma vie ainsi ? Et Pierre, acceptera-t-il de ne connaître qu'une seule femme, qu'il ne contente pas qui plus est ?

Tout ceci parait fragiliser notre couple. Pourtant, bien que ce soit difficilement concevable pour certaines personnes, cela n'empêche pas notre histoire de devenir de plus en plus sérieuse. Pierre est un garçon bien, il me fait rire, il me fait rêver. On a la chance de ne pas devoir se séparer pour les études et on passe la quasi-totalité de notre temps libre ensemble, alors que notre bande de copains se délite peu à peu, les uns et les autres partant aux quatre coins du pays. Pour lui, c'est la réussite assurée avec sa formation d'ingénieur en mécanique, il est embauché dans une grande boite de construction d'engins. Pour moi, c'est moins terrible. Je voulais devenir institutrice mais j'échoue le concours à plusieurs reprises et, démoralisée, je laisse tomber. J'ai toutes les peines du monde à me reconvertir.

Le jour où Papa voit ma bague, il abdique. Au début, je craignais qu'il n'aime jamais Pierre, mais avec les années il finit par l'accepter. Je n'aurais pas été fille unique, peut-être aurait-on gagné du temps ? Je ne le saurais jamais. Toujours est-il que, bien heureusement, Maman a jusque-là su arrondir les angles. Pensent-ils que j'ai trouvé le bon ? Maman en est convaincue. Papa, lui, ne me l'avouera jamais, j'en suis persuadée. Ce n'est pas bien grave.

La cérémonie est toute simple. Dans les années qui suivront, j'aurais souvent ce fantasme de petite fille de vouloir enfiler à nouveau ma robe de princesse qui finira ses jours au fond du dressing.

On ne parle presque jamais de sexe avec Pierre, et je sais finalement peu de choses sur ses préférences au lit. Il faut dire que le sujet me gêne tellement, je fais tout pour le fuir. Je sais que je suis coincée, c'est comme ça.

Un jour, je le surprends en train de mater des films pas très catholiques sur son ordinateur. Forcément ça ne me fait pas plaisir, je suis vexée, mais au moins cela a le mérite de clarifier certaines choses. Au début, je juge ses fantasmes dégradants, encore que ma copine Manon trouve tout cela bien innocent. Petit à petit, je finis par n'y prêter plus trop attention. Je lui demande de se forcer à m'en parler si un jour il a de nouvelles envies, il m'en fait la promesse. Je suis pas certaine de pouvoir tout entendre, je me connais, c'est sans doute mensonger de ma part de me croire assez ouverte pour cela. Je me dis que le cas échéant, il sera toujours temps d'aviser.

Dans les semaines qui suivent, grande nouvelle ! Euh... non, je ne suis pas enceinte. Pas encore, pourrais-je ajouter avec un sourire espiègle. On déménage, parce que Pierre vient d'obtenir une super promotion dans le sud-est.

Sa boîte ne s'est pas foutue de lui. Mon mari devient sous-directeur d'une agence et gère une trentaine de personnes. En pratique, c'est le patron, son seul supérieur direct est constamment parti vadrouiller aux quatre coins du pays, voire à l'international. Seul bémol, on est loin de tout ! On se retrouve avec une nouvelle région à découvrir, et bien entendu, aucune tête connue à l'horizon. Le déménagement approche et j'ai un peu peur. La famille et les amis de notre Bretagne natale vont me manquer. Pierre me promet de revenir aussi souvent possible.

Une semaine plus tard, nous résidons dans un lotissement réservé au personnel de l'agence. La maison est splendide. Un jardin magnifique, idéal pour les bronzettes de l'été. Pierre a déjà installé le hamac ! Nos nouveaux voisins sont aussi ses collègues. Il y a un peu de tout, allant du jeune couple comme nous jusqu'aux futurs jeunes retraités. Et il y a Célia.

Comment vous décrire Célia ? Quelques mots ne sauraient la résumer. Bon, pour commencer, c'est l'une des secrétaires du bureau, et c'est également notre voisine directe. Je n'allais pas tarder à découvrir que derrière sa beauté de glace réside un tempérament de feu. Des origines slaves expliquant ces saphirs dans les yeux et cette blondeur vénitienne. Des formes parfaites, et une classe... C'est une femme à peine plus jeune que nous qui dégage un charme fou. C'est une menace !

Le premier samedi suivant notre installation, Pierre et moi discutons bien au chaud sous la couette. Nous avons reçu tout ce petit monde chez nous dans l'après-midi de façon informelle pour faire connaissance. Nous revenons sur la journée, et la discussion finit inévitablement par s'engager sur "le" sujet. Il était impossible pour Pierre d'y échapper.

Tu dis, mon chéri ? Tu es d'accord, elle est vraiment très séduisante, mais c'est moi que tu aimes et avec qui tu es heureux de vivre. En plus, tu la côtoies peu au bureau, tu passes très peu de temps avec elle. Mouais...

Pierre m'avoue qu'il a déjà regardé d'autres femmes et qu'il n'est jamais allé plus loin. Il ne m'a pas trompé, il ne souhaite pas le faire et il espère que cela n'arrivera pas. Un quart d'heure plus tard, je le chevauche. L'union de nos corps a un petit quelque chose de plus sauvage que d'habitude. C'est loin d'être désagréable !

Quelques jours se sont écoulés. Pierre part au boulot avec ses collègues et la fameuse Célia. Je prends l'habitude de marquer le territoire en lui souhaitant une bonne journée d'un baiser appuyé. Mon mari me dira à plusieurs reprises que cela le gène devant ses employés. Cause toujours ! Après coup, je réalise me comporter comme une collégienne avec son premier petit copain. Et alors ? De toute façon, cela correspond presque à la réalité !

Célia n'est pas dupe de mon petit manège, elle a un sourire en coin qui veut tout dire. Elle me sourit d'ailleurs quasiment tout le temps, elle se montre trop polie pour être honnête, à la limite de la mièvrerie. Cela a le don de m'énerver prodigieusement, mais je n'en montre rien.

Un jour, bonne surprise ! J'aperçois Célia quelques mètres devant moi en train d'embrasser langoureusement un gars. Je me surprends moi-même à sourire. Cette vue me fait vraiment plaisir. Sauf que la fois d'après où je la croise accompagnée, elle sort avec un autre. Puis encore un autre. C'est pas possible, elle se tape toute la ville ?

Je sais que je ne devrais pas juger les gens. Je me fais souvent la réflexion après coup que j'ai des pensées trop conservatrices et que cela ne correspond pas à l'idée que je me fais d'une personne bien. Je me promets d'essayer d'être plus ouverte sur le sujet. Et assez rapidement, j'ai l'occasion de mettre en pratique mes nouvelles bonnes résolutions.

Ce jour-là, je rentre des courses, et au détour du chemin je surprends Célia en train d'unir ses lèvres à celle d'une rousse flamboyante. Bras enroulés autour des corps, les deux femmes prennent leur temps, ayant tout oublié du monde extérieur. Il se dégage une telle sensualité de cette scène que le temps semble s'être arrêté. Je réalise soudain que je suis restée de longues secondes spectatrice, captivée par ce spectacle. Je rentre prestement à mon domicile alors que les deux femmes ne semblent pas avoir perçu ma présence. Du moins, cela ne les a nullement dérangées.

On arrive doucement en avril, et Pierre m'annonce une nouvelle qui ne me fait pas plaisir. Mon mari doit suivre une formation et partir une semaine chaque mois pendant presque un an. Plus rapide que l'expression de ma contrariété, la question se forme immédiatement dans mon esprit. Lisant dans mes pensées, Pierre répond avant même que je ne la formule.

- Je pars seul.

Donc, sans Célia. Bon dieu, ce que je peux être conne. Ou jalouse. Les deux peut-être ?

Pierre est donc parti pour son premier séjour, il m'a appelé hier soir en arrivant à l'hôtel, il me promet de m'appeler chaque jour. Je ne sais pas trop quoi faire. Je m'occuperai bien du jardin, mais je n'ai pas du tout la main verte. J'ai fini les romans en souffrance dans la bibliothèque. Je n'ai toujours pas trouvé de boulot.

En ce moment, je ne suis pas bien dans ma peau. Je me sens si seule ! Ce ne sont pas les deux chats qui se délassent dans le jardin qui me permettront de discuter.

Alors que le soleil tombe lentement dans un ciel qui commence à changer de couleur, j'entends la sonnette. Je vais ouvrir. Célia est derrière la porte.

- Euhhh... Si vous cherchez Pierre, il est à Paris !

J'allais rapidement découvrir que cette fille a un don. Elle sait mieux que quiconque comment surprendre les gens, on ne peut jamais s'attendre à quoi que ce soit de certain avec elle. Pourtant, selon Pierre, elle est irréprochable au boulot, mais dans la vie, cela n'a rien à voir.

Célia me regarde en souriant. Son tailleur est impeccable.

- Je sais, je ne viens pas pour lui ! J'ai pensé que l'on pourrait peut-être faire plus ample connaissance ?

Je ne peux pas dire que cette perspective m'enchante, mais j'ai de l'éducation. Je fais entrer Célia, je lui sers un thé et je la laisse parler. Je n'ai pas vraiment envie de faire la causette, je me force un peu. Pourtant, je suis bien obligée de reconnaître assez vite qu'il est agréable de discuter avec elle. Sa bonne humeur est communicative.

Célia a vraiment quelque chose pour les relations humaines. Autant elle peut mettre quelqu'un mal à l'aise avec une facilité déconcertante, autant Célia est capable de gagner rapidement la confiance des gens. En la faisant entrer, je pensais en être débarrassée en un quart d'heure, une demi-heure grand maximum. Au lieu de ça, je me rends compte soudainement qu'il est déjà l'heure de dîner. Cela me fait du bien de parler. Je regrette de ne plus avoir Manon qu'au téléphone, et en de trop rares occasions.

Célia me propose de continuer la soirée en sa compagnie. Cela me surprend, elle doit sûrement avoir d'autres personnes avec qui partager son temps. Elle insiste un peu, je finis par ne pas savoir comment refuser. En plus, cela ne me fait pas bien loin à aller !

Sa cuisine est délicieuse. Je me régale, je fais piètre figure avec mes surgelés. Elle me propose en guise de digestif une curiosité locale au goût indéfinissable. La chaleur monte rapidement aux joues. Je suis bien. Oui, je me sens joyeuse.

- Mais... t'es pompète, ma parole !

Célia a balancé le vouvoiement au deuxième verre. Cette fille me fait vraiment un effet bizarre. C'est comme si c'était une amie d'enfance. Elle me sort des conneries qui me font éclater de rire, je suis à deux doigts de mouiller ma culotte. Elle me propose d'aller finir la soirée en boîte, mais là, c'en est trop pour moi. Elle accepte de me laisser rentrer chez moi si je l'accompagne demain. Cela ne me fait pas franchement envie mais sa compagnie me fait du bien.

Le lendemain, il me faut une bonne partie de la matinée pour décuver. Je n'ai pas bu tant que ça, en fait à peine, mais je tiens mal l'alcool. Heureusement, j'ai récupéré lorsque le soir arrive.

Après avoir dîné sur le pouce avec Célia, elle me fait découvrir un peu la ville. Elle est née ici, elle n'envisage pas un seul instant pouvoir vivre ailleurs. Notre changement de vie l'épate.

Célia m'amène dans un endroit branché, qu'elle définit comme "le lieu idéal pour s'éclater sans se faire emmerder". C'est un peu prétentieux de sa part car elle se fait tout de même brancher par un mec. Elle semble ne pas y accorder plus d'attention que cela, mais je finis par trouver son comportement gênant. Célia semble s'amuser, ce n'est pas mon cas. La musique est trop forte, je lui demande de me suivre aux toilettes.

Tout en expliquant à Célia que je souhaite rentrer, je me regarde dans la glace, peu satisfaite de ma coiffure. J'observe en même temps son reflet. Célia m'assure qu'après avoir offert une dernière danse à son cavalier du soir, elle me raccompagnera. Et tout en me parlant, sans sembler gênée le moins du monde, je l'aperçois remonter sa jupe, ôter d'un geste parfaitement maitrisé son string et le ranger consciencieusement dans son sac. J'en reste bouche béé.

- Bon, on y va ?

Célia s'offre encore quelques minutes sur la piste de danse. Elle est déchaînée, multiplie les déhanchés et les frottements contre son partenaire. Sa jupe monte sur ses cuisses, menaçant à tout instant de dévoiler son intimité, qui reste comme par miracle à l'abri de regards indiscrets. J'ai honte pour elle, je suis rouge pivoine.

Tenant sa promesse, Célia attrape ma main et nous nous éclipsons de cette agitation. Avant de partir, elle a tout de même pris le temps de laisser ses coordonnées à celui qui, à n'en pas douter, la connaîtra très bientôt de façon plus intime.

Sur le chemin du retour, je ne prononce plus un mot. Je suis encore ébahie par son indécence. On marche côte à côte dans la rue. L'air n'est pas trop frais, les premières chaleurs arrivent.

Cela fait quelques minutes que nous traversons la ville sans parler. Nous arrivons sur la place d'une église fortement éclairée.

- Tu connais ?

- Non. Avec Pierre, on n'a pas encore beaucoup visité.

Célia se penche sur une rambarde en direction de la mer, une légère brise vivifiante souffle sur nous. Elle rompt une nouvelle fois un silence pesant.

- Tu crains les pétasses dans mon genre, pas vrai ?

Au début, je ne réponds pas, mais elle semble attendre ma réponse, tournant la tête et plongeant son regard dans le mien.

- Je t'ai jamais traitée de...

Célia sourit d'un air entendu.

- Arrête ! Je ne le prends pas mal, tu sais ! Cela me flatte même.

Son franc parler me décontenance. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme elle.

- Tu n'éprouves aucune gêne ? On ne se connait presque pas...

- Que l'on se connaisse depuis deux jours ou vingt ans, ça change quoi ?

Je ne sais quoi lui répondre. Elle reprend la conversation dans un grand sourire.

- Tu peux être fière de ton mari, tu sais.

Quoi ? Quoi ??? Qu'est-ce qu'elle me chante ?

- T'as essayé de coucher avec Pierre ?

Oh, que ma voix est laide quand je suis énervée ! Célia se contente de pouffer de rire et pose un regard bienveillant sur moi.

- Je crois bien que Pierre ne te trompera jamais. Je ne suis pas infaillible, mais je me plante rarement là dessus.

C'est la première fois de ma vie que je peux échanger avec quelqu'un de façon aussi libérée. Je me sens mal à l'aise, et en même temps ma curiosité s'éveille. Célia enchaîne.

- Mais toi, tu as peur qu'il te trompe, pas vrai ?

Je ne peux qu'acquiescer devant cette vérité.

- Alors, c'est simple. Tu as juste à faire en sorte qu'il n'en ait pas envie.

Les pensées s'entrechoquent dans mon esprit. Je ne comprends pas où Célia veut m'amener. Alors que j'essaie de mettre un peu d'ordre dans mes pensées, elle continue sur sa lancée.

- Au fait, t'as déjà couché avec une nana ?

- Pardon ???

Célia me dévisage comme si j'étais une petite bête curieuse. Je ne peux soutenir son regard. Elle joue avec moi, elle s'amuse même follement. Devinant la réponse, et toujours aussi souriante, elle se contente de lâcher un avis catégorique.

- Tu perds quelque chose...

Quelques instants plus tard, nous reprenons notre chemin pour regagner nos maisons. En la laissant devant sa porte, je lui souhaite bonne nuit. Elle me prend dans ses bras. Le parfum qui émane d'elle est envoûtant. Je ne sais plus quoi penser de cette fille.

Il ne faut pas bien longtemps avant que je ne me mette à passer beaucoup de temps avec Célia. Je me sens seule, j'ai besoin d'une amie et elle me fascine. Elle représente l'interdit, tout ce que je n'ai jamais osé faire et ne ferai sans doute jamais. Et elle, elle me fréquente parce que... bon, pour le moment, je n'en sais trop rien.

Pierre est enfin revenu. Le samedi, la journée est idéale, on part se balader dans l'arrière pays. Le dimanche, on ne sort pas, on passe la journée entre le lit et le canapé, on se galoche et on se pelote comme des ados. On fait l'amour. Je resterai des heures dans ses bras.

Je révèle à Pierre que j'ai sympathisé avec Célia, sans lui avouer toutefois la tournure de nos conversations. Il a l'air content pour moi. Je lui demande si elle lui a déjà fait des avances. Il n'en est pas sûr, il se fait peut-être des idées, il m'avoue qu'elle n'a jamais été explicité mais qu'elle ne cache aucunement ses idées très larges sur la sexualité.

Pendant que Pierre est là, Célia vient dîner une fois avec nous, mais je ne la croise que de façon nettement plus épisodique. Les jours passent, je m'ennuie un peu...

Pierre est parti depuis quelques heures. Le téléphone sonne, Célia me demande de passer chez elle. Je me trouve rapidement derrière sa porte.

Célia m'ouvre, elle est en petite tenue, vêtue juste d'un soutien-gorge et d'un string assortis. Je ne peux m'empêcher de rougir. Je n'avais pas le moindre doute sur la chose, son corps est décidément une insulte aux femmes complexées.

Elle m'amène dans sa chambre. Une partie de sa garde-robe a envahi son lit.

- Je ne sais pas laquelle mettre. T'en penses quoi ?

Célia essaie différents modèles. Il est facile de comprendre que son choix soit délicat, tout lui va parfaitement. Je lui avoue que la dernière robe est un peu trop décolletée et courte à mon goût.

- Tu trouves ? Moi j'aime bien !

Se regardant une nouvelle fois dans la glace, elle me parle sans se retourner.

- ça te dit de l'essayer ?

- Hein ?

- Allez, s'il te plait ! Pour me faire plaisir !

Je suis sûre qu'elle ne me va pas. Mes hanches sont trop larges. Célia est tellement persuasive, j'ai beau ne pas vouloir me changer, j'ose encore moins m'opposer à sa proposition. Je finis par ôter mon jeans et mon léger pull et j'enfile le vêtement.

- Regarde, elle te va super bien !

J'observe mon reflet. C'est vrai que cette robe est splendide. J'en porte rarement, et encore moins de ce genre, je suis sûre que celle-ci coûte un bras.

Je pose mes mains sur la taille. Les marques de la culotte ne sont pas très heureuses.

- Ah oui, normalement faut rien mettre dessous...

Je me retourne d'un coup, rouge cramoisie. Célia est morte de rire.

- Tu verrais ta tête !

Je me rhabille. Célia jette un regard condescendant sur mes fringues, puis observe mes cheveux.

- Je te verrais bien avec une couleur plus claire. Et surtout, sans ton chignon informe. Tu as de beaux cheveux et tu n'en fais rien !

C'est vrai que le coiffeur ne m'a pas vue depuis fort longtemps. Célia me conseille un salon et demande à ce que je déclare venir de sa part. Je ne sais pas combien elle lâche ici ou si la patronne est de sa famille, mais une chose est sûre, j'ai l'impression d'être traitée comme une princesse, et c'est exquis !

Je suis très satisfaite du résultat. Lorsque Célia rentre du travail, je vais chez elle pour la remercier de ce judicieux conseil. Elle ne manque pas de me féliciter pour mon choix.

Avant de rentrer chez moi, Célia attrape mon bras. Je n'ai pas le temps d'esquisser le moindre geste qu'elle pose ses lèvres sur les miennes. Je me dégage aussitôt, furieuse.

- Dis donc...

- ça va, t'énerve pas ! Je tente ma chance, c'est tout.

- Tu sais bien que...

Célia m'interrompt, ne me laissant pas placer le moindre mot supplémentaire.

- Je sais bien que quoi ? Tu es seule, ton petit mari est à des centaines de kilomètres et tu t'emmerdes. Tu me plais et j'ai toujours trouvé ça très con de rater une occasion d'embrasser quelqu'un qui me plaît.

- Mais... je suis pas comme ça !

- Tu veux pas aller plus loin, le message est clair, j'ai compris. Mais j'aimerais quand même qu'on reste copines, tu veux bien ?

Les deux jours qui suivent, j'évite soigneusement Célia. Ce bref baiser m'a profondément troublée et il est hors de question que je lui dise.

La nuit précédant le retour de Pierre, j'ai du mal à dormir. Je repense à cette rousse que j'avais vu en compagnie de Célia. Je fais un rêve dans lequel je m'imagine à sa place. Célia dévore mes lèvres, ses mains s'emparent de mon visage puis viennent s'emmêler dans mes cheveux. Elle sent divinement bon, sa peau est si douce, ses mains partent explorer mon corps...

Je me réveille en sueur, mon coeur bat à tout rompre. Que m'arrive-t-il ? Et surtout, pourquoi ?

Pierre est rentré. J'ai retrouvé son odeur, son sourire, je l'emmène dans la chambre et on fait l'amour. C'est l'une des rares fois où j'ai pris l'initiative, il est surpris. J'essaie de me lâcher un peu dans ses bras, rien à faire, je ne parviens toujours pas à l'extase.

Mon mari vient de jouir en moi. Il me chuchote quelques mots doux. Il se met sur le côté, me gardant dans ses bras comme sa petite chose précieuse.

Pierre passe une main dans mes cheveux. Je souris. On est allongés dans le même sens, je frotte mes fesses contre son corps, il émet des soupirs de contentement. On s'endort rapidement après.

Pendant trois semaines, je croise Célia en coup de vent, deux fois en tout. Accompagnée. Je la salue, elle me répond, on s'échange quelques politesses et ça s'arrête là. Pierre ne me parle plus d'elle.

Ce matin-là, je suis seule. J'ai fait la grasse matinée et le soleil est déjà haut dans le ciel. J'ouvre les volets et je croise le regard de Célia qui sort au même instant de son logement. Elle ne sourit pas, elle a un air mystérieux, comme si elle se doutait de quelque mal non identifié qui me rongeait. Elle me fixe, je me force à ne pas soutenir son regard. Impossible de me le cacher, j'ai envie d'être en sa compagnie. J'ai envie d'elle.

Cette journée est interminable. J'essaie de m'occuper l'esprit. Peine perdue, je n'arrive à rien. Les minutes s'écoulent avec une lenteur intolérable.

En quittant son travail, Célia vient me dire bonjour. Je la fais entrer. Elle me fait la bise et attend. Quelques secondes sont encore nécessaires avant que je ne me décide. J'enroule mes bras autour de son cou, et là, je lui offre un voluptueux baiser. Elle devait n'attendre que ça.

Nous continuons à nous embrasser pendant de longues secondes. Ses lèvres sont chaudes et douces, c'est un régal ! Et pourtant, j'interromps brusquement notre étreinte. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Célia devine sans mal mes interrogations.

- On dirait bien que ton corps s'exprime, ma chérie !

De grosses larmes se forment dans mes yeux. Célia me prend dans ses bras.

- Tu as envie de moi. Tu n'as pas à en avoir peur ! Cela n'a rien à voir avec l'amour. Tu aimes Pierre mais il te manque, tu te sens seule et tu as besoin de réconfort. Et aussi, je t'attire.

Je hoche la tête. Jamais auparavant je n'aurais imaginé le moindre instant pouvoir tromper Pierre, et si l'on avait ajouté avec une femme, j'aurais sans doute ri aux éclats. Plus maintenant. Célia prend délicatement ma tête dans ses paumes.

- Annabelle, écoute-moi ! Je ne suis pas amoureuse de toi. Mais moi aussi j'ai envie de prendre du plaisir avec toi. Tu comprends ?

Je me sens complètement perdue.

- Et si Pierre s'en rend compte ?

Jusque là si calme, Célia s'emporte un peu.

- C'est évident qu'il va s'en rendre compte ! On ne va pas laisser une voisine mal intentionnée prendre le malin plaisir de lui expliquer ce qui se passe. Non, on se chargera de lui expliquer. Tu devrais savoir que je ne fais rien dans le dos des gens.

Je ne réponds pas. Célia continue son monologue.

- Dans un premier temps, il est possible qu'il soit furieux. Puis il devrait vite se rendre compte que cette situation est très avantageuse pour lui.

Je reste perplexe. L'expression sur mon visage l'invite à détailler ses pensées.

- D'abord, si on couche ensemble, dans sa tête, c'est pas du tout la même chose que si j'étais un homme. C'est stupide comme raisonnement parce qu'on pourrait être amoureuses, tu pourrais le quitter sur-le-champ pour qu'on s'installe ensemble, mais crois-moi, rares sont les hommes qui ne raisonnent pas de la sorte !

Je hoche la tête, sans montrer toutefois une grande conviction.

- Ensuite, Pierre va avoir chez lui une femme toute dévouée, qui se sentira coupable, qui voudra se racheter et qui aura appris plein de nouvelles choses pour contenter son petit mari au pieu. Et tu dois sûrement savoir à quel point les mecs fantasment sur deux nanas ensemble...

Je ne suis pas disposée à avouer à Célia qu'elle a raison, Pierre fantasme beaucoup sur cela. Ce que j'avais pu découvrir sur son ordinateur ne me laisse aucun doute.

Célia est convaincante, son discours est bien rodé. Mais cela ne suffit pas, je ne peux pas me faire à cette idée de le tromper. Célia le comprend dans mon regard.

- Sinon, il reste la solution du plan à trois.

Venant de Célia, j'aurais du m'attendre à ce genre de proposition, mais la confusion qui s'est emparée de moi ne m'a pas préparée à sa réplique.

- Non ! Et puis je ne veux pas que tu fasses l'amour avec mon mari !

Célia dépose un rapide baiser sur mes lèvres avant de me lâcher.

- Je te laisse réfléchir...

Elle m'abandonne dans le couloir, me proposant de passer chez elle dans une heure si j'ai faim. J'accepte sa proposition. Ce soir-là, j'évite tout contact physique, mais j'en souffre et Célia le sent. Elle ne tente rien.

Nous sommes samedi. Pierre finira sa semaine de formation dans la soirée et rentrera demain. Célia m'a appelé. Une nouvelle fois, elle veut que je me rende chez elle, et je parcours rapidement le morceau de route qui nous sépare.

Les voisins se doutent-ils de quelque chose ? Je l'ignore, mais je suis persuadée que oui. Dans mon esprit, tout le monde doit se douter de la relation ambigüe qui me lie à Célia. Je ne suis pas assez lucide pour comprendre que personne n'a rien remarqué, et que ceux qui auraient pu le faire s'en foutent royalement. Ce ne sont pas leurs affaires.

J'arrive devant sa porte, Célia m'attendait et me fait aussitôt entrer. Elle est vêtue d'un peignoir. On s'embrasse, c'est un baiser passionné, enfiévré, je sens le désir monter en moi comme jamais. Jusqu'à présent, nous n'avons uni que nos bouches, mais il est évident qu'à continuer ce petit jeu malsain, nous allons finir par nous brûler.

Célia prend ma main et m'amène dans sa salle de bains. La baignoire est pleine. Elle ôte son peignoir, elle est entièrement nue. Son sexe est parfaitement glabre. Je n'avais jamais assisté à une telle vue, j'en reste sans voix.

Elle entreprend de me déshabiller, prenant son temps pour enlever mes vêtements un par un. Je n'oppose pas la moindre résistance.

Lorsque Célia s'attaque au tout dernier rempart de mon intimité, j'ai un ultime mouvement de recul. Elle reprend mon effeuillage avec encore plus de lenteur. Elle découvre ma toison, cela me fait honte. Je ne supporte pas ma pilosité, c'est là l'un de mes plus gros complexes. Les premiers temps avec Pierre, je prenais soin de moi, je me débarrassais régulièrement de la plupart de ces insupportables poils, sans jamais toutefois m'hasarder jusqu'à l'éradication totale, mais cela faisait maintenant longtemps que je me laissais aller.

Célia a chauffé la salle de bains. Je suis frileuse de nature, mais je n'éprouve aucune sensation de froid. Elle voit bien que je fixe avec insistance son intimité toute lisse.

- Tu as envie d'essayer ?

J'hésite. Pourquoi pas ?

Célia attrape un produit et me fait m'asseoir. Quelques instants plus tard, ayant miraculeusement échappé à la douleur, je retrouve un sexe de petite fille. La sensation est si étrange ! Célia rigole, se débarrasse des traces de ma féminité puis entre dans sa baignoire. Vérifiant que l'eau est encore assez chaude, elle s'installe confortablement au fond et m'invite tacitement à venir prendre place dans ses bras.

L'eau est délicieuse ! Je m'assieds alors que les mains de Célia se posent sur mon corps. Elle s'empare de mon ventre, de mes cuisses. Une voix en moi me crie d'arrêter immédiatement. Je ne peux pas, j'apprécie trop ce qui m'arrive. J'ai beau être stressée, je sens l'excitation monter en moi. Célia me susurre quelques mots au creux de l'oreille.

- Laisse-toi faire Annabelle. On ne fait rien de mal ! Apprécie juste le moment.

Je m'allonge enfin sur elle, mon dos recouvre sa poitrine, ses jambes s'enroulent autour des miennes. L'une de ses mains vient envelopper l'un de mes seins, tandis que l'autre s'approche dangereusement de ce qui était jusqu'alors le territoire exclusif de mon mari.

Je respire fortement. Quel plaisir, quelle douceur ! Célia explore gentiment mon intimité alors que sa bouche dépose de délicats baisers dans mon cou. Je saisis son autre main libre et je la serre. Mon petit bouton fait maintenant l'objet de toutes ses attentions et réagit au quart de tour.

La jouissance me surprend ! Maintenant, c'est l'évidence même, je n'avais  jamais éprouvé d'orgasme jusqu'à ce jour. Je me redresse, j'envoie de l'eau par dessus la baignoire. Un seul mouvement brusque a suffit, la salle de bains ressemble à une piscine. Célia est tout autant étonnée que je le suis.

- Bon, au moins je n'ai pas de doute sur le fait que tu aies apprécié mes caresses.

Je me lève. Je suis déterminée. Des perles se forment dans mes yeux.

- On doit arrêter de se voir.

Célia ne sourit plus. Pour la première fois, son expression est sévère.

- Je ne crois pas que tu aies envie de te passer de moi.

- Pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi moi ?

- Parce que j'en ai envie ! J'aime le sexe et je sens à quel point tu désires cela toi aussi, même si tu n'oses pas te l'avouer. Je pourrais m'éclater avec plein d'autres personnes, c'est ce que je fais tout le temps, mais là, j'ai envie de toi. Cela ne veut pas dire que je ne veux que toi, ni que je t'aime ou d'autres conneries du genre. J'ai simplement envie de faire l'amour avec toi.

Je ne m'étais pas essuyée et je grelote. Célia se lève et attrape une grande serviette. Elle enveloppe nos deux corps, nous nous retrouvons une nouvelle fois peau contre peau. Le contact est électrique, je la repousse. Célia n'insiste pas. Elle me passe une autre serviette, on s'essuie et je me rhabille. J'ai besoin de me reposer, d'être au calme. Je ne suis pas en état de réfléchir. Je rentre chez moi, ne sortant plus jusqu'au retour de Pierre.

Dans la soirée, le téléphone sonne. Célia veut me parler. Je lui dis qu'il vaut mieux ne pas se voir. Je tiens bon ce soir, pourtant je sais que c'est inutile. Demain, nous allons nous retrouver. Et ensuite...

Je suis debout, dans ma chambre, encore quelques minutes à attendre. Pierre ne va pas tarder à rentrer. Comment lui annoncer ? Il doit être impatient de me retrouver. Une fois de plus, il m'a demandé de ne pas venir le chercher. Je n'aime déjà pas conduire et je ne connais presque pas notre nouvelle région, j'ai peur de me perdre. Je me souviens que lors de nos dernières retrouvailles, je lui ai sauté dessus et nous avons fait l'amour. Je ne sais pas exactement ce qui va se passer dans les prochaines minutes, sinon que nos retrouvailles n'auront rien à voir avec les précédentes. Quelle que soit sa réaction, notre vie ne sera plus la même.

La porte s'ouvre. Sa voix résonne dans la maison.

- Chérie ? Je suis rentré  !

Il m'appelle une deuxième fois au moment précis où je pose le pied sur la première marche. Il reste planté dans l'entrée alors que je descends les escaliers. Lorsqu'il m'aperçoit, il est scotché. Une nouvelle coupe, une couleur moderne, un maquillage inhabituel, et surtout ma plus jolie nuisette, la violette, celle qui dévoile les cuisses de façon fort peu convenable pour une femme honnête. En suis-je encore une ?

Je fais un sourire maladroit à Pierre. Il doit croire que j'ai voulu lui faire une jolie surprise et que ma tenue me met mal à l'aise. Bien qu'il soit loin de se douter des pensées qui hantent mon esprit, il n'a pas tout à fait tort.

Pierre s'approche et m'embrasse. Son baiser est tendre au début. C'est au moment où il devient plus fougueux que je l'arrête. Je prends sa main et nous montons l'escalier. Pierre a le sourire d'un gosse le matin de Noël.

Juste avant d'entrer dans la chambre conjugale, je me retourne et plonge mes yeux dans les siens.

- Mon chéri, il faut que je te parle. C'est important.

Pierre ne s'y attendait pas. Ce petit mouvement de tête à peine perceptible, je le connais, il s'inquiète. Il a compris au ton de ma voix que je ne joue pas. J'ai déjà préparé le discours que je m'apprête à lui faire des dizaines de fois, je bafouille, je ne sais plus par quoi commencer.

- Pierre, je t'aime. Je suis heureuse d'être ta femme. Je veux continuer à faire ma vie avec toi...

Je ne l'ai pas rassuré. Pierre me dévisage, à la fois incrédule et profondément anxieux. Il doit s'imaginer le pire. Quelle forme cela peut-il prendre dans son esprit ? Faisant semblant de ne pas accorder la moindre attention à ces signes qui me font pourtant mal au coeur, je poursuis mon monologue.

- ...jamais aucun autre homme m'a posé la main sur moi, et je te jure que cela n'arrivera pas...

Est-ce un soupir de soulagement que je crois percevoir ? Difficile à dire. J'ai du mal à cerner mon mari. Je ne dois pas m'arrêter.

- ...je crois, je suis sûre que notre amour peut en sortir renforcé.

Pierre doit se demander de quoi je suis en train de parler. Visiblement, il est perdu. Il doit trouver mes explications complètement incohérentes.

Il n'a pas à attendre davantage. L'impatience de Célia lui fait ouvrir la porte. Je l'avais laissée habillée, et nous la découvrons tous deux en tenue d'Eve.

La matinée me revient comme un flash. Célia est venue me voir. J'ai décidé de lui faire confiance et elle aussi. Sans nous toucher, nous nous sommes ouverts nos coeurs. Et si Célia pourrait offrir son corps à tout un chacun, je comprends que j'ai vraiment gagné son affection, car elle est loin de s'étendre aussi facilement sur sa vie.

Célia me parle de ses parents qu'un stupide accident de voiture lui a enlevé alors qu'elle arrivait dans le monde adulte. Plus aucune famille, plus de repères, elle a décidé que la vie étant décidément trop courte, elle profiterait dès lors de chaque seconde. Le sexe, l'existence, tout cela n'est qu'un jeu et elle compte bien jouer autant qu'elle le pourra.

Célia n'a jamais été amoureuse et elle le regrette. Si j'envie son grain de folie et sa liberté totale, il lui arrive de jalouser les gentils petits couples tels le nôtre. Comme la nature est espiègle avec notre espèce. Chacun cherche ce qu'il ne peut pas avoir.

Je lui raconte ma vie. Mon histoire avec Pierre. Mon problème. Et, ce qu'elle sait déjà, mes envies que je n'assume pas. Célia m'écoute avec une grande attention. Elle me prend dans ses bras, il s'agit là de notre unique contact physique avant que Pierre n'arrive.

Le flou devant mes yeux se dissipe. Célia adresse un sourire à Pierre, comme si elle venait de le retrouver au bureau.

- Je crois que tu t'attendais plutôt à me revoir demain matin, je me trompe ?

Je scrute le regard de son mari, attentive à la moindre expression. J'ai les yeux au bord des larmes. J'en suis à présent certaine, il va me quitter, me traiter de salope, m'envoyer des tonnes d'insultes au visage, traînant ma réputation dans la boue. Mais au lieu de cela... rien. Une absence totale de réaction, encore que son visage est loin d'exprimer le bonheur parfait. Il tourne sa tête vers moi et me pose calmement une question. Sa mâchoire est tout de même crispée.

- Vous couchez ensemble depuis longtemps ?

J'allais répondre, mais Célia me coupe. Sa voix est sereine.

- On ne l'a pas encore fait. Annabelle ne voulait pas te tromper.

Cette inactivité énerve rapidement Célia. Elle s'avance vers moi, pose son bras sur mon épaule, puis s'adresse à mon mari.

- Tu n'as pas à la blâmer, ni à te reprocher quoi que ce soit. Annabelle m'a raconté à quel point tu représentes tout pour elle. Ta femme t'aime, c'est juste qu'elle a envie d'autre chose.

Pierre ne réagit toujours pas. Célia baisse la voix, elle se veut rassurante. Elle plonge ses yeux dans ceux de mon mari.

- Tout va bien se passer. On va s'occuper d'Annabelle, d'accord ? Elle a besoin de toi.

Célia tourne la tête vers moi et m'embrasse doucement. Pierre pourrait bien nier pendant des heures la moindre émotion devant cette scène, la bosse flagrante se formant dans son pantalon réduirait à néant sa plaidoirie. Je finis par lever les yeux sur Célia. Je suis tout à la fois excitée, fébrile et curieuse. Tout semble si facile, si naturel pour elle. J'admire, je jalouse sa sérénité.

- Venez !

Célia nous prend tous les deux par la main. L'initiative lui appartient. Nous nous laissons amener dans la chambre. En la matière, son expérience est incomparable.

Je m'allonge avec Célia sur le lit. Nous nous embrassons de nouveau, puis Célia marque une pause. Elle se tourne vers Pierre et l'invite à s'approcher. Cela ne me plaît pas. Je suis à deux doigts de faire l'amour avec une femme sous les yeux de mon mari et je ne veux pas le partager. J'ai pleinement conscience de mon égoïsme, mais c'est plus fort que moi.

Au moment où leurs visages se rapprochent, je pose une main chaste sur celui de mon mari.

- Pas la bouche. S'il te plaît !

Je ne reconnais pas Pierre, il semble n'avoir toujours pas réalisé la situation. Quant à Célia, elle s'amuse de ma réaction. Ses yeux espiègles s'allument, visiblement elle vient de changer ses plans. Qu'a-t-elle prévu pour nous à présent ?

Célia me repousse sur le lit et m'allonge sur le dos. Tandis que l'une de ses mains saisit et enroule la cravate de mon mari, elle lui tourne le dos et se positionne telle une amazone au dessus de ma tête. Je sais ce qu'elle veut. Il y a de cela encore quelques semaines, cette situation aurait été totalement inconcevable, mais je suis maintenant prête à lui donner ce qu'elle attend.

Célia se mordille les lèvres. De sa main, elle amène le visage de mon mari au plus près de mon intimité. J'écarte les cuisses. Cela faisait longtemps que Pierre n'avait pas examiné d'aussi près mon sexe.

Ma langue a déjà commencé à fouiller l'intimité de Célia lorsque je sens celle de mon mari se poser sur moi. Levant les yeux, il ne doit rien rater du tableau irréel que Célia et moi lui offrons. Célia se montre très expressive. En rajoute-t-elle ? Je ne saurais le dire. Cela m'incite à continuer.

Il ne faut pas attendre longtemps avant que Célia ne se mette à pousser de grands soupirs, elle est visiblement ravie des sensations qui se sont emparées de son corps. Pierre s'arrête, troublé. J'ai senti l'excitation monter en moi mais je suis encore loin d'être dans l'état de Célia. Elle nous oublie l'espace de quelques secondes, toute perdue dans son plaisir.

Au prix d'un effort certain, récupérant ses forces, Célia évite de s'effondrer sur moi. Elle se lève et vient se placer à mes côtés. Elle m'embrasse goulûment pour me remercier, puis me dévisage. Après avoir plongé son regard dans le mien pendant quelques secondes, passant sa main dans mes cheveux, elle se tourne soudain vers Pierre.

- Qu'attends-tu ?

Sa répartie n'est en rien moqueuse. Célia s'improvise éducatrice de notre plaisir.

Je regarde mon mari. Je lui souris, écartant une nouvelle fois mes cuisses, il me rend mon sourire. Pierre se déshabille et son membre vient avec douceur se placer sur mon sexe. Il me pénètre, commençant à s'agiter en moi.

Célia couvre mon corps de baisers. Elle cajole mes seins, ses mains parcourent chacune de mes courbes avec tendresse. Sa langue sur ma peau fait des merveilles. Sa main vient s'aventurer plus au sud, elle n'est plus qu'à quelques centimètres de l'endroit où deux corps s'unissent. Ses doigts agiles titillent mon bouton de plaisir.

- Plus vite ! Prends-là, maintenant !

Célia agrippe à présent mes joues. Nos deux langues dansent de plus belle alors que Pierre soulève mon bassin et se démène en moi avec fougue, ses mains agrippent fermement mes fesses et ne les lâchent plus.

Quelques secondes de ce traitement suffisent à déclencher la tempête. J'écarquille les yeux, redressant la tête, interrompant ce baiser divin. Je regarde Pierre. La bouche grande ouverte, j'expulse les cris du plaisir que mon corps ne peut garder. Mes muscles tétanisent, je sens mon sexe se contracter fortement alors que Pierre jouit en moi. J'ai d'un coup l'impression d'être loin, très loin...

J'entends Célia aller prendre une douche. Elle sort habillée de la salle de bains. Avant de partir, elle nous informe qu'elle n'attend que notre bon vouloir pour renouveler l'expérience.

Pendant tout ce temps, Pierre m'a gardé dans ses bras. Je lève les yeux sur lui, je ne sais pas trop quoi lui dire. Je lui déclare à nouveau à quel point je suis fière et heureuse d'être sa femme.

Pierre et moi remettons le couvert dans la soirée. Nos corps sont habités par une frénésie inédite. Une nouvelle vie s'ouvre à nous, et j'ai hâte de la dévorer...

Partager ce message


Lien à poster

Waouh :D:clap::wink::D:D

Très belle histoire, racontée avec beaucoup de sensibilité :welcome::D :D

Partager ce message


Lien à poster

J'aime le fait que tu prennes ton temps pour "poser" le décor, pour "présenter" les personnages.

J'ai trouvé que beaucoup d'émotion, de sensibilité, se dégageait de ton récit.

Merci de partager de si jolies choses. :D

:pardon:

Partager ce message


Lien à poster

Je suis d'accord avec les deux autres commentaires des filles. Ton texte est d'une sensualité et d'un érotisme troublant. Bravo.

Partager ce message


Lien à poster
Guest Anonymous

Whats', je suis toujours sctoché par le temps que tu prends pour mettre l'histoire en place et celui que tu accordes aux descriptions.

Tu as une patience que je n'ai pas.

Très beau récit, merci.

Partager ce message


Lien à poster

Keihir, j'ai trouvé un super moyen pour allonger les histoires. Juste avant de cliquer sur le bouton "soumettre", tu sais, après avoir passé de longues minutes à vérifier que l'histoire est prête à être envoyée, sans coquille ou presque, je fais planter mon ordi ; ça me force à relire à tête reposée (après l'avoir copieusement insulté), et en général ça a pour conséquence d'allonger des passages.

Bon, je t'avoue qu'en fait j'arrive pas à planter volontairement l'ordi. Mais celui que j'ai est super compréhensif, il sent quand c'est le bon moment, il s'en occupe à ma place :???:

Partager ce message


Lien à poster
Guest Anonymous

Ah oui mais non, la relecture et tout le toutim, c'est pas mon truc. Si je cherche à changer, améliorer, ça devient une bouillie infâme, j'ai déjà essayé.

Je fais juste une relecture orthographique sans tenir compte du tout du contenu.

Après, advienne que pourra :???:

Partager ce message


Lien à poster

×

Important Information

By using this site, you agree to our Terms of Use.