Reportage en pays inconnu

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Figurez-vous que l'autre jour, en lisant une nouvelle histoire vécue, je n'ai pas pu m'empêcher de m'interroger de nouveau sur la véracité des faits. Je suis la première à critiquer la plupart des gens qui se contente de nier catégoriquement le propos de leur interlocuteur, et je trouve ce manque de confiance envers son prochain assez triste. Mais il faut bien reconnaître que parfois, on ne peut s'empêcher d'avoir quelques doutes. Je me suis dit qu'en bonne enquêtrice, je me devais de faire le point sur le sujet.

C'est un auteur qui tient à conserver l'anonymat qui me livra le secret. Les histoires vécues de ce site ne se déroulent pas ici. Je veux dire, pas en France, ou même dans un autre territoire francophone connu. Non, les histoires véridiques proviennent toutes du même endroit, le pays d'Orgasmie. Dès lors, il me fallait impérativement en savoir plus.

J'ai commencé par me rendre à la librairie du coin, mais je n'ai pas réussi à trouver le guide du routard de ce pays. Mappy, michelin et google Earth ne connaissent pas. Pourtant, le même auteur anonyme m'a assuré avoir déjà eu dans les mains un billet pour rejoindre le pays. Un aller simple. En effet, il semble que peu de personnes soient intéressées par le retour, car beaucoup de voyageurs décident de s'y installer définitivement.

Pour s'y rendre, je vous déconseille l'avion. Les pilotes sont plus occupés par les hôtesses de l'air que par le pilotage et la sécurité de leur appareil, ce n'est pas très rassurant. De plus, il n'y a aucun contrôle des bagages dans les aéroports, par contre vous échapperez difficilement à une mise à nu et une fouille au corps dans les règles de l'art.

En arrivant sur place, l'observateur peu averti pourrait se sentir comme chez lui. Pourtant, on note des différences très significatives avec notre pays. Pour commencer, la quasi-totalité des habitants est d'une beauté peu commune. En cherchant bien et avec une bonne dose de persévérance, vous finirez bien à trouver des gens "moyens", mais vous n'aurez pas mieux ; en tout cas, j'ai abdiqué dans cette quête. Les hommes sont musclés et très bien équipés.

La démographie est singulière. Le dernier recensement indique une population constituée à 91% de femmes dont plus des trois-quarts se trouve dans la tranche d'âge de 18 à 25 ans. Un peu comme dans les écoles d'infirmière ou les préparations au concours de professeur des écoles, encore que la similitude s'arrête là. A de rares exceptions près, la population ne semble pas vieillir. Trouver des enfants, ou même des adolescents, est pour ainsi dire mission impossible.

Je vous aurais volontiers parlé de la situation géographique ou historique mais il m'a été étrangement impossible d'obtenir la moindre information sur le sujet. Tout au plus, je peux vous assurer qu'il fait presque toujours beau et chaud, les femmes étant court vêtues. La mini-jupe est très tendance et la mode ne se renouvelle pas trop, cela fait des années que les orgasmiennes la portent, le plus grand chic étant d'avoir la sienne la plus courte possible et sans culotte. Le soutien-gorge n'est d'ailleurs pas très usité non plus. Sinon, la robe avec décolleté prononcé se trouve aussi parfois, mais c'est à peu près tout.

Sur le plan hygiénique, la plupart des gens sont d'une propreté exceptionnelle. Il y a bien quelques toilettes, mais elle sont rarement utilisées. Certaines personnes n'éprouvent d'ailleurs jamais le besoin de s'en servir. La très large majorité des gens n'a pas d'odeur, ne transpire pas, n'émet jamais le moindre gaz inapproprié et n'a jamais eu d'accident malencontreux au niveau du rectum. En confiant à un indigène une expérience malheureuse qui m'était arrivée avec un mignon petit string, il a tourné de l'oeil et fini par vomir. Les vêtements n'ont pas besoin d'être lavés, ce qui fait gagner un temps considérable à la ménagère.

Les voitures sont pratiquement toutes à l'arrêt. Je me demandais naïvement si le pays était en rupture d'essence, mais non, c'est juste parce que les habitants ne s'en servent pas pour conduire. S'il vous prenait l'envie de jeter un coup d'oeil à l'intérieur, vous auriez de grandes chances de gêner un couple en train de copuler. Encore que gêner est un bien grand mot ; la plupart continueront leur occupation sans se soucier de votre présence, et certains vous proposeront même de les rejoindre sans plus tarder. Du coup, les voitures sont un peu plus spacieuses et permettent toutes sortes de positions, ce qui explique que les orgasmiens n'éprouvent jamais la moindre contrainte physique dans un espace bien moins réduit que chez nous.

Je vous le dis de suite, mieux vaut ne pas être malade en Orgasmie. Vous pourrez trouver des hôpitaux, mais les infirmières sont pour la plupart incapables de vous prodiguer les premiers soins, vous faire une piqûre ou le moindre bandage. La plupart viennent dans les chambres juste le temps nécessaire pour chevaucher le patient ou lui prodiguer une fellation, puis sortent aussitôt, non sans avoir flatté en toutes circonstances la virilité du monsieur. Comme vous pouvez le constater, ils sont par contre très en avance sur le suivi psychologique et le souci de l'équilibre mental des malades.

Au niveau de la langue, pas de dépaysement. Il vous suffira de vous adapter à quelques petites spécificités locales. Je me rappelle que lors de mon deuxième jour dans la capitale, un homme est venu m'aborder. Dans un premier temps, il a semblé très surpris que je porte un pantalon. Puis, passé l'effet de surprise, il m'a demandé si je voulais bien le sucer. Comme je lui répondais non, il a immédiatement baissé son pantalon et a renouvelé sa demande. En fait, "non" signifiant la plupart du temps "oui", je n'ai toujours pas parfaitement compris comment exprimer le refus. Pour reprendre le fil de mon histoire, une femme est immédiatement arrivée, et juste avant d'engloutir son engin, elle s'est contenté de déclarer "il faut l'excuser, elle n'est pas d'ici".

Parmi les autres particularités, une certaine catégorie de la population s'insulte copieusement. Si vous voulez vous faire passer pour un autochtone, appelez votre interlocutrice "salope" ou "grosse pute" en adoptant un ton ferme, autoritaire, cela constituera un bon début. Mais je maitrise encore trop mal leur grammaire pour vous donner davantage de conseils en la matière.

Sur le plan économique, pour faire court, c'est la catastrophe. la production industrielle est quasi-nulle, les gens passant environ 95% du temps au travail à faire l'amour. Dommage que la production de fluide corporel ne puisse pas participer au produit industriel brut, car pour le coup ce sont nos pays qui feraient pâle figure.

Une chose qui m'a énormément surprise est la suivante. Vous pouvez entrer dans n'importe quelle maison à l'improviste, les gens ne seront pas le moins du monde surpris de votre arrivée. Ils se montreront des hôtes charmants, faisant le maximum pour vous mettre à l'aise, comme s'ils vous attendaient de longue date. Ces gens sont vraiment très hospitaliers.

Les orgasmiennes sont par contre bizarres sur le plan émotif. On les voit assez rarement en colère ou tristes et elles ne rient quasiment jamais. Ah si, pardon, j'oubliais cette secrétaire à qui j'avais demandé si elle avait dû coucher pour obtenir son travail. Autre expérience bizarre, je racontais à une vendeuse qu'en ce moment, j'avais mes règles. Elle ne connaissait pas ; quand je lui ai expliqué en quoi cela consistait, elle s'est évanouie.

J'ai cherché à savoir à quel âge les Orgasmiennes commencent leur vie sexuelle, mais bizarrement, alors qu'en règle générale la sexualité est le sujet prédominant dans les conversations, on m'a souvent opposé un silence gêné. En Orgasmie, la virginité est perçue comme une maladie honteuse. Les jeunes femmes sont très fortement incitées à se débarrasser le plus rapidement possible de leur pucelage, si possible en multipliant les partenaires ; les femmes n'éprouvent aucune douleur, ou alors elles aiment cela. Certaines ne vantent même de n'avoir jamais connu cet état. Les jeunes femmes sont également encouragées à expérimenter les relations entre elles, et il se trouve toujours une voisine, une cousine ou une amie à disposition pour cela. L'entraide et la chaleur humaine n'ont pas disparu dans ce beau pays.

J'ai cherché une spécialité à vous ramener, mais je n'ai rien trouvé. En fait, les habitants sont friands de cyprine et de sperme, mais apparemment les tentatives pour créer une recette à base de ces ingrédients n'ont pas abouti. Pour ne pas mourir idiote, je me suis sentie forcée de tester, cela leur faisait plaisir, mais force est de constater que la gastronomie est loin d'être un art là-bas.

Je ne vous cache pas que ce voyage m'a fatiguée. A mon retour, j'ai été heureuse de retrouver mon petit mari. Lui aussi était content de me serrer dans ses bras. Après avoir regardé un peu la télé, nous sommes allés au lit. Nous étions nus, il est venu sur moi et m'a fait l'amour ; c'était la troisième fois du mois. Les préliminaires ont duré un petit quart d'heure et il m'a pénétré pendant deux minutes. Cette fois-ci je n'ai pas joui, mais c'était quand même très agréable. Il m'a dit qu'il m'aimait, on s'est embrassés et nous nous sommes endormis.

[Guest Anonymous]

J'adore! Un texte bourré d'humour, qui ne se prend pas au sérieux. Des clichés à la pelle, une narrartion vraiment originale de son point de vue. On oscille en docu-fiction, caricature, farce,... C'est très chouette.

Une belle trouvaille!

Merci Whatsyourname. :twisted:

[fanie 1,211]

:D Alors là ! Je ne comprends pas que ton texte n'ai pas eu plus de commentaires.

D'accord, ce n'est pas un récit à proprement parlé de sexe mais il y a une telle originalité dans ton texte

C'est plein d'humour, très bien mis en mots, moi, j'en redemande des écrits comme ça :D