Les Amants de Bouvines
Bouvines 26 juillet 1214
Demain les armées coalisées sur le Commandement de l'Empereur d'Allemagne Otton IV vont affronter l'armée royale de Philippe Auguste.
Ce soir étrangement l'air est lourd.
Je sors de ma tente, mon écuyer se lève, je lui fait signe de se recoucher. Je ne suis pas un riche seigneur, un simple chevalier gascon, au service de Jean sans Terre, roi d'Angleterre, roi honni mais j'ai prêté serment comme mon père à sa famille, lorsque mon père à suivi la Reine Aliénor en Angleterre après se répudiation par Louis VII.
Une brise venant du Nord, fait claquer les bannières des chefs de cette coalition, celle de Renaud de Dammartin, Ferrant de Flandre, Thiébaud de Lorraine, Denis de Brabant, Guillaume de Hollande, Guillaume longue épée mon chef.
Je suis fourbu par ces années de guerre, les croisades avec Richard Coeur de Lion, j 'ai 47 ans, je suis un vieil homme ainsi vont les railleries des jeunes chevaliers, mais ils n'aiment pas gouter à ma lance ou à mon épée, ils en ont les cicatrices. Par contre leurs belles dames sont assez friandes de cette lance et cette épée.
Je suis un petit baron de Gascogne, Seigneur de Buch, j'ai gardé le titre de mon père, mais je n'ai plus de terres. Je suis un chevalier errant, allant au grés des batailles, pour brûler ma vie, l 'or et les honneurs le les laisse aux fous.
Moi j'aime raconter l'amour, faire l'amour. Enfant mon père m'a appris les armes, ma mère dame de compagnie de la belle Aliénor m'a appris à lire et écrire. Je n'ai que mon palefroi et mon cheval de route, un écuyer, ma lance, mon épée « Aliénor » et mon luth.
Ce luth mon complice pour la conquête des belles dames que je rencontre, mais mon âme gasconne est là, et je ne suis pas le dernier à ripailler ou à trousser une ribaude, à jouer à me chamailler.
Demain peut être que celui qui ce fait appeler Dieu me rappellera à lui.
De l'autre coté de la vallée l'étendard à fleurs de lys de Philippe Auguste claque majestueusement, encadré par ceux d'Eudes de Bourgogne, Robert de Dreux et de Guillaume de Ponthieu.
Je ne trouve pas le sommeil, je rejoins les hommes d'armes de ma Gascogne natale, j'ai mon luth et j'accompagne ces chants de notre lointain pays.
Quelques part dans le Hainaut, 28 juillet 1214
Hier, en ce dimanche si chaud, les armées se sont affrontées. Nous avons été battus, les grands seigneurs de l 'Alliance se sont rendus abandonnant leurs hommes, l'empereur a fuit.
Je me suis battu avec mes vaillants gascons couvrant la retraite de ce qui pouvait être sauvé de ce lamentable désastre. Ma lance est brisée, ma cote de maille percée par une flèche, mon fidèle cheval s est écarté du champs de bataille.
Je suis si épuisé, j'ai perdu beaucoup de sang, le ciel bascule autour de moi. Le noir, le froid m'envahit.
Combien de temps suis je resté inconscient, je ne le sais pas. Je suis dans un lit aux draps de lin, mon torse est douloureux, je devine une tache de sang à travers le bandage fin. Une salle voûtée au dessus de moi étend ses croix de St André. Au pied du lit dort un lévrier.
Où suis je. Rien sur les murs ne me donne des indications sur les lieux.
Le lévrier semble agité, la porte s'ouvre et je la vois.
Dans les brumes de mon délire, c est une fée que je vois, une sublime belle dame, la réincarnation de la belle Aliénor. Elle porte un bliaud cette robe verte à gros plis supposées masquer les lignes du corps mais il n en est rien pour moi, coureur invétéré de belle dame. Son encolure est au ras du cou et pourvue d'une fente verticale, fermée par une énorme broche rehaussée d'une pierre d'ambre . Je devine que cette femme est de haut rang. Son surcot de couleur rouge sans manches et joliment ajustées, fermé sur le devant par une autre broche . Il est si long malgré la ceinture à laquelle pend l'aumônière. Le surcot est ouvert. Je devine un corsage fendu et largement échancré des hanches aux emmanchures, laissant apercevoir la cotte, tandis que le devant forme une sorte de gilet recouvert d'hermine. Cette "fenêtre de l'enfer" laisse apercevoir les hanches sublimes de la Dame. Elle porte une coiffe de la couleur de son bliaud
Elle a des yeux sombres, une peau de lait.
Elle porte un plateau d'argent, sur lequel est posée une cruche et une assiette en étain avec un morceau de pain et de fromage.
Monsieur vous me rassurez enfin, depuis huit jours vous êtes en proie en délire et à la fièvre. Vous étiez donc à la bataille mais je ne connais pas les armes que vous portez.
Pierre de Salles, Seigneur de Buch, chevalier gascon à la suite de Jean sans Terre.
Blanche de Brunehaut, me répondit elle avec une voix si limpide. Mon mari du combattre avec vous, l'auriez vous vu monsieur.
Je remarquais aux murs les armes de la Maison de Brunehaut, cet étendard qui a fuit lâchement avec l'Empereur Otton, comment le dire à ma salvatrice.
Elle remarqua mon embarras, se jeta au pied de ma couche, pleurant, me suppliant, dites moi monsieur comment mon mari est mort. Me redressant soulevant le menton , je découvrais un si beau visage, un si beau regard, rougi par les larmes.
Madame, votre mari a fuit dès que la défaite a pointé. Avec mes gascon nous avons couvert la retraite et j'ai été blessé.
Blanche s'effondra, je n'osais la toucher. Elle se leva et quitta la pièce. Durant plusieurs jours, je ne la voyais plus. Une servante au demeurant aux atours affriolant changeait mes bandages , m'apportait à manger.
Une nuit cette charmante personne, entra dans ma chambre durant le sommeil, et laissant tomber sa tunique se glissa nue dans mes draps. Quelle douceur, cette jeune personne au demeurant à la bouche si experte à s'occuper de ma lance, aux seins si réactifs aux assauts de mes mains ou de ma bouche.
Je me laissais alors chevaucher par la fougue de cette si jeune beauté de 20 ans. Durant les jours qui suivirent elle revint chaque soir, me prodiguant ses soins si habiles. Je me remettais lentement, mais Blanche avait disparu.
Ce soir Mathilde ne vient pas, je me fais une raison, ne m épuise t elle pas. Je m'endors.
Dans la nuit je sens un corps chaud se glisser dans mes draps, je souris.
Mais que de douceur, et ce parfum, je me redresse et cherche la chandelle, je sens une main sur ma bouche. Chuttttt Pierre, laissez vous allez.
Blanche entreprends d 'embrasser mon corps, s'attardant sur mon torse, glissant vers mon pubis, honorant ma lance. Sentir sa langue remonter le long de ma hampe quel délice. Ces cheveux blond descendaient au delà du creux de ses reins.
Imperceptiblement, elle vînt à me chevaucher offrant à mes mains ses seins de porcelaine. Son bassin ondulant elle griffait mon torse.
Elle cria son plaisir lorsque je laissais aller mon plaisir en sa matrice. Mon écume inondait sa caverne d'amour. Elle s'allongea sur le coté face à moi. Elle pleurait, je séchais ses larmes, caressais ses cheveux.
Pourquoi madame, votre mari, vos voeux devant Dieu.
J'ai obtenu de l’Évêque de Tournai l'annulation de mon mariage, je suis libre, j'ai repris les titres de mon père . Veux tu être mon seigneur mon amant car je t'aime. Prenant entre mes mains son visage, ma bouche se pose sur la sienne et le l'embrasse. La nuit est à nous , je sens en elle cette noblesse cette fougue, c est une femme libre, altière, fier.
Au petit matin, après un copieux repas, nous montons à cheval et allons parcourir les terres de Blanche.
Je découvre enfin mon refuge, ce petit château posé sur un éperon rocheux dominant une courbe de l'Escaut.
Ainsi pour l'amour de Blanche je défendrai cette forteresse, qui sera le témoin de nos étreintes.
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