Lady Godiva
CONVENTRY, 13 avril 1067
Je me nomme Bertrand de Malaterre, je suis un petit baron franc sans fortune, mes frasques m'ont conduit à abandonner mes terres à mon jeune frère.
J'ai rejoint l'armée du Duc Guillaume de Normandie, ce dernier a revendiqué le trône d'Angleterre.
Nous avons débarqué l'avant dernier jour de septembre, nos armées se sont affrontées 15 jours plus tard. Le combat fut rude, nous avons perdu beaucoup de monde.
Mais c'est la maladie qui nous a décimé , notre marche sur Londres fut longue mais le jour de Noël le Duc Guillaume était sacré roi d'Angleterre.
Il nous a réuni peu après et nous a donné les fiefs et comtés saxons. J'ai reçu pour ma part la charge de shérif de Conventry.
Mon arrivée il y a quatre mois fut des plus froide, le peuple saxon ne nous accepte pas. Ils se réfugie dans leur légende. Les taxes demandées par le roi exaspère le petit peuple.
Je passe beaucoup de temps à parcourir la ville de taverne en taverne en dissimulant mon identité, pour entendre le peuple. J'avoue que la charge de sheriff me déplait.
Au détour d'une taverne un soir j'entendis une histoire bien charmante.
L'histoire de Lady Godiva, on raconte que cette femme était la belle épouse de Léofric, comte de Mercie et seigneur de Coventry. Les habitants de Coventry souffraient sous l'imposition accablante du comte. À plusieurs reprises, Dame Godiva fit appel à son mari, qui refusait obstinément de diminuer les taxes. Enfin, las, il prétendit satisfaire à sa demande si elle montait à cheval nue dans les rues de la ville. Dame Godiva le prit au mot, et traversa la ville, vêtue seulement de ses longs cheveux. Son mari tint parole et supprima les impôts.
Je rentrais vers ma demeure, l'esprit embrumé par les litres de bière. Il faisait nuit d'encre.
Le brouillard s'épaississait, l'atmosphère était particulière. Je cru percevoir des pas de chevaux.
C'était sur, c'était un traquenard. Je posais ma main sur le pommeau de mon épée.
Je me retournais alors pour faire face et je vis, sortant de la brume délétère, trois cavaliers fantomatiques. Deux chevaliers à l'armure noire, je ne pouvais voir leur visage caché par le capuchon de leur cape. Leurs chevaux étaient aussi noirs que la nuit.
Au centre sur un magnifique cheval blanc avançait une femme, une merveilleuse jeune femme. Elle était entièrement nue, sa longue chevelure descendait en traine sur la croupe du cheval.
Ses seins généreux étaient en partie cachés par ses longues mèches sombres. Je devinais des cuisses musclées des mollets fins, je pouvais voir ses belles chevilles, ses jolies petits pieds.
Elle s'arrêta devant moi. Me regarda avec ses yeux sombres d une intensité profonde.
Me connais tu étranger, oppresseur de mon peuple, pourquoi est tu le bras de ce Roi Usurpateur, alors que je te vois si proche du peuple aussi.
Mais tu n'es plus de ce monde depuis longtemps répondis je, tu n'es qu une légende. Ne te joue pas de moi.
Elle éperonna son cheval, ses deux gardes du corps la suivant. Je tirai l'épée, mais ce n'est que de la brume que je pourfendis.
Je rentrais à ma demeure l'esprit égaré, avais je rêvé , était ce les vapeurs d'alcool.
Je dormis difficilement le reste de la nuit, hanté non par des cauchemars, mais par cette femme.
La journée fut sombre, je devais recouvrir les impôts. J'avais maintenant une petite fortune, en plus j'avais vendu tous mes apanages à mon frère. De fait, le soir en haillon je rendais visite à ceux que j'avais menacé et leur donnait l'argent qu'ils avaient besoin. Cela durait depuis plusieurs mois.
Un soir alors que je rentrais d 'une de mes maraudes, elle se trouva là devant moi, toujours aussi nue, toujours aussi belle.
Elle était seule, elle descendit de son cheval me pris la main et déposa un léger baiser sur mes lèvres.
Tu es bon jeune chevalier Franc, marchons et retournons ensemble chez toi.
J'étais troublé par cette beauté irréelle se tenant à mes cotés.
Je pris ma cape et la posais délicatement sur ses épaules divines.
Nous nous assîmes sur des peaux devant l'immense cheminée de ma chambre, elle me parla de sa vie, de ce qu'elle avait fait pour convaincre son mari, la mort de celui ci, son chagrin qui l'avait conduite à se laisser mourir. Elle errait ainsi depuis des années dans Coventry, toutes les nuits..Je lui racontais ma vie, mais erreurs, mes errances, mes malheurs mes espoirs.
La nuit était très avancé, et je ne pouvais me résoudre à la laisser partir.
Je me fis audacieux et je déposais un baiser sur ses lèvres, elle ne le refusa nullement. Elle me le rend avec une telle fougue .
Tout bascule alors, le baiser devient étreinte, le contact avec sa douce peau devient frémissement.
Une nuit d'amour impossible commence entre nous, moi simple mortel, elle , un être irréel.
Sa peau est si douce, ses seins si beau, sa coupe d'amour si sucrée.
Elle me chevauche, son corps ondule, je goute à ses seins. Nous roulons sur le sol. Je m'enfonce au plus profond de son être. Elle se cambre, crie son plaisir lorsque je m’épanche alors en son être.
Je me sens pris de torpeur, je m'endors. Au petit matin elle n'est plus là ai je rêvé?
Le soir suivant alors que je soupe seul dans ma demeure, elle m'apparait à nouveau. Sans un mots nous nous donnons l'un à l'autre. Et le matin elle repart à nouveau .Cela dure depuis des mois. Nous nous aimons moi chevalier mortel, elle mon doux fantôme.
Mais notre amour est impossible. Un soir, je suis appelé sur une rixe, c'est un guet-apens , je sens la froideur de la lame s'enfonçant dans mon coeur.
Étendu seul dans ma chambre sur mon lit mortuaire, personne ne me pleure.
Mais une sensation bizarre me prend. Je me vois voler au dessus de mon corps.
Elle apparaît alors me prend par la main, je l'embrasse. Désormais nous allons pouvoir nous aimer .
Ainsi je rejoins ma Lady Godiva pour l'éternité.
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